Situé sur la côte sud-est de l’Islande aux pieds du glacier Vatnajökull et du Hvannadalshnúkur, le plus haut sommet d’Islande, le Parc national de Skaftafell est l’un des sites les plus spectaculaires d’Islande et incontournable pour qui voyage le long de la côte sud islandaise. Initialement fondé en 1967 et couvrant alors une superficie de 500 km2, les limites du parc ont été élargies plusieurs fois au cours des décennies qui ont suivi, avant qu’il ne soit finalement fusionné avec plusieurs réserves naturelles, espaces protégés et autres parcs nationaux du pays en 2008, dans ce que l’on appelle aujourd’hui le Parc national de Vatnajökull. Ce dernier, avec près de 14 000 km2, couvre environ 14% du territoire islandais, et outre Skaftafell, inclut le canyon de Jökulsárgljúfur, la caldeira d’Askja, le volcan Snæfell, les cratères du Laki et le lac de Langisjór, pour ne citer que ces sites.
Aujourd’hui, Skaftafell reste la zone la plus visitée du Parc national de Vatnajökull. Bien sûr, sa proximité avec la route n°1 et la facilité d’accès au site par rapport à d’autres régions du parc n’y sont pas pour rien. Mais cette simplicité d’accès n’enlève vraiment rien à l’affaire, le site offrant des paysages contrastés composés de montagnes majestueuses, de glaciers immenses, de sandar s’étendant à l’infini vers l’océan, de landes et forêts miniatures relativement « luxuriantes » à l’échelle de l’Islande… Les amoureux de la randonnée, que cela soit dans le cadre de courtes balades ou bien de longues randonnées à la journée y trouveront tous leur compte et ne devraient donc pas passer à côté de ce site qui mérite vraiment plus qu’un court arrêt photo…
Que cela soit à l’approche de Skaftafell le long de la route n°1 ou à l’occasion d’une randonnée sur les hauteurs du parc national, les sandar de Skeiðarársandur ne manqueront pas de vous sauter aux yeux ni de vous intriguer. Ces immenses plaines de sable et de roches s’étendent sur des dizaines de kilomètres, séparant les montagnes de la mer sur près de 30km. Comme beaucoup de curiosités géologiques en Islande, l’origine de ces vastes étendues est volcanique. Ainsi, à l’occasion d’éruptions survenant sous le glacier Vatnajökull, de vastes quantités de glace sont changées en eau au contact de laves et de cendres volcaniques brulantes. Cette eau, comme le ferait n’importe quel fleuve ou rivière, doit alors se frayer un chemin sous le glacier en direction de la mer. Une fois qu’elle débouche du front du glacier, cette eau se manifeste alors en lahars dévastateurs inondant et traversant la plaine. Ces inondations, souvent anodines, mais aussi monumentales parfois, charrient avec elles des quantités extraordinaires de cendres et de roches volcaniques qui se déposent dans la plaine, repoussant ainsi la mer un peu plus loin après chaque déferlement. Ce type de lahars, bien spécifique aux éruptions sous-glaciaires, est désigné dans le jargon des vulcanologues par le terme islandais de jökulhlaup, ce que l’on pourrait traduire littéralement par « course de glacier », ou plus correctement par « débâcle glaciaire ».
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Ce sont donc ces jökulhlaup qui occasionnent la formation de ces vastes plaines si marquantes dans les paysages de la région de Skaftafell. Le dernier épisode véritablement marquant de débâcle glaciaire dans la région date de 1996, une partie de la route n°1 aillant d’ailleurs été emporté par les inondations à cette occasion. Elle a été observée suite à l’éruption du volcan Grímsvötn qui, situé à une cinquantaine de kilomètres au nord de Skaftafell, est parmi les plus actifs d’Islande. Mais à l’inverse de ses éruptions subséquentes en 1998, 2004 et 2011, l’éruption de Grímsvötn en 1996 a donné lieu à un jökulhlaup énorme dont le débit maximum de 45 000 m3/s fut alors comparable à celui du delta du Gange, mais sur une superficie bien plus petite puisque le delta du Gange s’étend lui-même sur une étendue comparable à celle de l’Islande au complet ! Cependant, tout cela n’est rien comparé au jökulhlaup que l’éruption du volcan Katla provoqua en 1755. À la suite de cette éruption qui se déroula sous le glacier Mýrdalsjökull tout au sud de l’Islande, on estime que le débit de la débâcle atteignit 200 000 à 400 000 m3/s, soit l’équivalent du débit moyen de l’Amazon, du Mississippi, du Yangtze et du Nil combinés !
Autre présence remarquée dans les paysages de Skaftafell, le sommet de Hvannadalshnúkur qui, du haut de ses 2110m, est le point culminant de l’Islande. Derrière son nom somme toute bucolique (littéralement « le pic de la vallée des angéliques ») se cache celui plus menaçant de Öræfajökull, volcan massif dont le Hvannadalshnúkur n’est en fait que le point le plus élevé. Öræfajökull, littéralement le « glacier des terres désolées » ou « des terres abandonnées », est le plus gros massif volcanique d’Islande, non seulement de par son altitude mais aussi de par son volume (370 km3). Il hérita de son nom suite à l’éruption qui, en 1362, dévasta la région agricole qui s’étendait jusqu’alors à ses pieds, ne laissant derrière elle que dévastation et désolation.
Aujourd’hui, le massif est avant tout un lieu de plaisir et d’activités sportives, que cela soit sur les langues glaciaires de Svínafellsjökull et Falljökull à l’ouest où l’on pratique la randonnée glaciaire et l’escalade de glace toute l’année, ou bien sur les lagunes de Fjallsárlón et Jökulsárlón à l’est où des balades en zodiac sont proposées en été au milieu des icebergs vêlés par les glaciers. Au printemps, l’ascension du Hvannadalsjökull est aussi très populaire. Ne nécessitant aucune expérience préalable d’alpinisme mais devant, quoiqu’il arrive, être réalisée en présence d’un guide de montagne connaissant parfaitement la zone, elle s’adresse à toute personne capable de marcher de 12 à 14h et d’avaler 2000m de dénivelé positif. En hiver, c’est sous les jupes des glaciers que les curieux vont se faufiler. À une époque de l’année où les géants de glace retrouvent un peu de leur stabilité avec les frimas de l’hiver, il devient alors possible de pénétrer dans des grottes de glace offrant un spectacle merveilleux. Cela est particulièrement vrai aux premières lueurs du jour quand, au petit matin, avant que le flot quotidien des visiteurs et autres chasseurs d’image ne vienne envahir ces espaces confinés, la lumière diffuse de l’aube vient amplifier les reflets noirs et bleutés de la glace.
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